dimanche 11 juin 2017

Passer de "se servir de la méditation" à "la servir"

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Lorsque au début d’un séjour au Centre Dürckheim, je demande aux personnes présentes si, éventuellement, elles pratiquent déjà l’exercice de la méditation, les réponses sont variées.
Cependant, parmi celles et ceux qui pratiquent déjà une forme de méditation, ces réponses révèlent surtout que, dans la plupart des cas, elles/ils se servent de la méditation afin d’atteindre un but pré-médité.
Les motivations sont nombreuses et diverses: vaincre l’insomnie ... assumer le stress dans le milieu de l’entreprise ... élargir ses capacités mentales ... espérer guérir telle ou telle maladie ou échapper au cancer... ou encore, cette espérance un brin immature et illusoire résumée dans cette formule tendance : “rien que du bonheur !”.

Si la méditation devient pré-méditation c’est parce que, dans notre culture occidentale, on ne peut penser l’homme autrement qu’en rapport avec sa conscience des choses, la conscience “de” (mind). Or, depuis vingt-cinq siècles, en Orient et en Extrême-Orient, l’exercice de la méditation a pour sens de se percevoir et de percevoir le monde à travers la conscience intérieure, la conscience sensitive qui est antérieure à la conscience qui objective et fait de tout ... un objet. Or, la méditation de pleine attention s’appelle : méditation sans objet.

Je connais bien le danger de se servir de la méditation pour répondre aux désirs de la conscience-ego. Méditer afin de garantir son besoin de sécurité, d’assurer son confort, d’assurer son désir de permanence et autres vaines espérances.
La méditation de pleine attention enseignée au Centre invite la personne en chemin à une rupture avec l’ego; rupture avec notre manière d’être habituelle, rupture avec notre manière de penser habituelle.
Plus de quarante ans de pratique de la méditation de pleine attention m’incitent à dire à celles et ceux qui s’engagent sur ce chemin d’exercice et d’expérience :

« Ne vous servez pas de la méditation ... servez-la ! »

Pratiquer sans but n’est pas sans effets. Mais ces effets n’ont rien à voir avec les désirs du « moi », cette part superficielle de nous-même qui n’est pas notre vrai point d’appui dans l’existence.
C’est en servant la méditation que la personne qui médite se glisse à un niveau d’être d’elle-même qui est autre que l’ego; le zen l’appelle la vraie nature de l’être humain, Dürckheim l’appelle notre propre essence.
Notre vraie nature est le domaine du calme fondamental, du silence intérieur, de l’équilibre intérieur; qualités d’être que nous ne pouvons pas construire à coups d’exercices.

Les retraites et sesshin que nous vous proposons cet été auront pour thème : « Ne vous servez pas de la méditation ... servez-la ! ». Ce faisant, « La méditation de pleine attention favorise la rencontre avec soi-même d’une façon jusqu’alors refoulée ou inconnue». (K.G. Dürckheim)

Jacques Castermane

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