vendredi 31 janvier 2014

A propos du coma et de la mort

Voici un témoignage de 12 jours de coma... 
La mort cérébrale n'est pas forcément la mort...
Une larme m'a sauvée avec Angele Lieby (5 min.)

 

Trois ans après cette expérience traumatisante, elle témoigne dans son livre Une larme m'a sauvée, pour faire passer un message d'espoir aux personnes qui pourraient être dans sa situation et pour parler de se syndrome rare et méconnu.
Le Dr Michel Hasselmann, dont le service de réanimation a accueilli Mme Lieby, a souligné la rareté de son cas, qui explique que des examens généralement efficaces n'aient pas permis d'évaluer son degré de conscience. Rareté qui lui fait craindre par ailleurs que le témoignage de cette femme ne suscite "un espoir irréaliste à l'endroit des familles de personnes en coma profond".



jeudi 30 janvier 2014

Christophe Massin à tout prix...


"C’est la lecture d'un livre d’Arnaud Desjardins sur l’enseignement de son maître indien, Swami Prajnanpad, qui a produit le déclic déterminant. J’y trouvais à la fois le climat d’une ouverture spirituelle et, en même temps, des éléments précis pour aborder le fonctionnement de mon psychisme, y compris dans sa dimension émotionnelle et inconsciente. En parallèle de cette lecture, j’ai commencé à rencontrer en Orient des sages qui rayonnaient d’une qualité de joie, d’amour et de sérénité que je n’avais jamais perçue jusque-là chez un être humain. Leur témoignage venait confirmer ce que je lisais car, de nature sceptique, j’avais besoin de voir de mes yeux pour être convaincu. Leur existence témoignait qu’une transformation intérieure était possible et que celle-ci les avait libérés de l’assujettissement à la souffrance, malgré les épreuves que certains avaient pu traverser. 


 Je percevais en revanche qu’ils ne m’apportaient pas nécessairement des réponses que je pouvais utiliser dans mon quotidien, même si leur rayonnement me touchait profondément. Soit le contexte culturel et rituel, le langage métaphorique ou religieux m'apparaissaient trop étrangers ou incompréhensibles, soit j'entendais des discours qui me rappelaient désagréablement le catéchisme de mon enfance. Le langage de Swami Prajnanpad tranchait totalement par son accessibilité, sa clarté et sa précision. Je pouvais me l’approprier directement et commencer à en appliquer les indications, tel que j'étais, sans adopter un credo étranger ni devoir correspondre à un quelconque idéal.

Il avait élaboré cette approche avant la Seconde Guerre mondiale : on peut imaginer combien elle était novatrice et audacieuse pour l’Inde de l'époque, comme elle l’était encore, pour la France des années 1970, quand je l’ai découverte auprès d’Arnaud Desjardins qui la transmettait à son tour, après la mort de son maître. J’ai pu expérimenter d’abord pour moi-même cet alliage de compréhension du psychisme et d’ouverture à la dimension spirituelle qui a transformé, au fil du temps, ma vie intérieure. Puis j’ai souhaité approfondir cette articulation originale entre psychothérapie et spiritualité et en faire le cœur de ma pratique comme psychiatre et thérapeute.

Depuis trente ans, je reçois des personnes qui sont arrivées à ce constat : « Il doit y avoir quelque chose en moi qui ne va pas, je ne me comprends pas et j’ai besoin d’aide. » Chacune attend de cette démarche l’apaisement de sa souffrance et la possibilité de réaliser des désirs fondamentaux. Dès le premier entretien, je peux avoir un aperçu de la relation de cette personne avec elle-même: s’aime-t-elle?  
La réponse qui me vient souvent, c’est: « Peu... mal... pas du tout. » Elle « se méconnaît et se dévalorise, elle se maltraite sans s’en rendre compte, voire elle se hait »....
extrait du Livre "Souffrir ou aimer" (introduction p.13)


Christophe Massin a reçu le prix Psychologies - Fnac 2014 du meilleur essai pour mieux vivre sa vie pour son livre Souffrir ou aimer, transformer l’émotion, aux éditions Odile Jacob.
L'émotion se lisait sur son visage. Mais c'est avec un mélange de joie et de grande simplicité que Christophe Massin a reçu le Prix Psychologies-Fnac 2014 pour son ouvrage Souffrir ou aimer. Un ouvrage dans lequel il nous redessine la carte de nos émotions, à l'aune de la spiritualité. « Souffrir ou aimer, souffrir d'aimer, aimer et souffrir, les deux vont de pair, a souligné le psychiatre féru de spiritualité indienne. Aimer n'est pas posséder, aimer ne veut pas dire : je veux être aimé de toi. Aimer, c'est aimer l'autre pour ce qu'il est. C'est ainsi que l'on peut dire : aimer ou souffrir. Et non pas aimer et souffrir. » Petit frisson dans l'assistance, éditeurs, journalistes, auteurs, lecteurs, nous étions nombreux à l'écouter avec grande attention...
source : http://www.psychologies.com/Culture/Philosophie-et-spiritualite/Savoirs/Articles-et-Dossiers/Christophe-Massin-prix-Psychologies-Fnac-2014
 « Quel livre ! Il permet de toucher la spiritualité, en s’appuyant sur ses émotions. On s’aperçoit que nous les méconnaissons », résume Valérie Collé.


mercredi 29 janvier 2014

Christiane Singer et le féminisme...


"Vivre sans intermédiaire...
Nous sommes le vent, nous participons de tout un univers !"

(9 min.)
source : extrait de radioscopie (22 déc. 1981)

lundi 27 janvier 2014

« Le feng shui a sauvé notre couple »...

« Avec mes deux filles et mon compagnon, nous formons une famille recomposée. Ces derniers temps, notre relation amoureuse, familiale et professionnelle - nous travaillons dans le même cabinet : lui est kiné, j’enseigne le yoga - était difficile. Il y avait de la séparation dans l’air. Nous avons décidé de faire appel à une de nos amies, devenue maître feng shui, pour nous aider. Elle est venue avec son pendule, et a fait un historique de l’immeuble. Elle a ensuite évalué les points forts et les points faibles, puis a proposé un rééquilibrage énergétique à travers un choix de couleurs et de matières.

Curieusement, les teintes suggérées, très différentes de nos goûts et de ce que nous avions, nous allaient. À la place de l’ordinateur qui se trouvait dans la zone “bois”, nous avons mis un meuble en bois. Nous avons cessé d’allumer des bougies dans ce qu’elle a identifié comme la zone “feu”. 

Le plus spectaculaire a été le résultat sur ma fille de 15 ans : elle souffrait d’asthme, d’allergies, déprimait et était en conflit avec mon compagnon. Après avoir hurlé qu’on lui ait changé sa chambre sans la consulter, elle avoue dormir et respirer mieux. Elle est moins stressée, nos rapports se sont apaisés. Hasard ou coïncidence ? 

Trois mois après la fin des travaux, mon compagnon et moi sommes toujours ensemble.

«Propos recueillis par Isabelle Artus
POUR aller PLUS loin -.168 Façons feng shui d'organiser votre maison de Lillian Too (Guy Trédaniel Editeur, 2013).

dimanche 26 janvier 2014

Yvan Amar par Marie de Hennezel

...sans doute pour cela qu’au lieu de l'hospitaliser, le 15 juin 1999, Roland décide de le laisser rentrer chez lui. Il sait qu'il ne le reverra pas. L'examen cardiaque a montré que le cœur n’était plus oxygéné. Il se demande comment Yvan a pu venir jusqu’à lui ce jour-là. Il se demande maintenant s’il pourra tenir pendant l’heure et demie de trajet qui sépare Aix de Gordes. Il faut rendre hommage ici à ce médecin qui a su respecter le désir de son malade de rentrer chez lui, malgré la gravité de son état. 
Roland dit que deux choses l’ont décidé : le désir d’Yvan et la force de Nadège. Sans elle, sans la qualité de sa présence et de son accompagnement, ce retour à domicile n’aurait pas été possible. « Je ne veux pas mourir étouffé », dit Yvan à son ami médecin, Pierre, lorsqu’il comprend que la fin arrive. 

Rester maître de lui jusqu’au bout est important. Il ne veut pas céder à la panique, se voir étouffer comme un poisson hors de l’eau. Pierre le rassure, cette fois-ci à bon escient : « C’est un mauvais fantasme, ça ne se passera pas comme ça ! C’est le cœur qui va s’arrêter. Tu vas mourir d’un arrêt du cœur, tu ne seras pas en train de chercher ton souffle. » 
Pierre confirme ainsi ce que Roland a déjà dit. Nous voulons saluer au passage l’attitude de ces deux médecins qui ont su aborder avec leur patient les conditions de son mourir. Nous savons qu’aujourd’hui la majorité des demandes d’en finir, d’anticiper la mort, en particulier lorsque la crainte de mourir étouffé est là, s’enracinent dans la peur que les personnes ont des conditions dans laquelle la mort surviendra. Aborder sereinement les peurs, informer et dire ce que l’on sait, promettre de ne pas abandonner et de ne pas laisser souffrir, permet d’approcher la mort plus sereinement. On peut penser que ces paroles de médecin ont permis à Yvan de se laisser mourir tranquillement dans les bras de Nadège. 

La question de l’origine de cette insuffisance respiratoire reste mystérieuse. Certes, Yvan a souffert d’une primo-infection à l’âge de deux ans. Y a-t-il une fragilité des bronches réactivée plus tard par le virus de la malaria attrapé en Inde ? Y a-t-il une origine psychosomatique ou même karmique ? Alors que son entourage le pousse à chercher à comprendre d’où vient cette maladie, Yvan ne semble pas s’intéresser à cet aspect de la question. On peut s’en étonner, mais c’est ainsi. Cela restera le mystère d’Yvan. Ce n’est pas le « pourquoi » de la maladie qui lui importe, mais le « pour quoi ? » 
Non pas la cause, mais la finalité. « Sommes-nous capables de percevoir une maladie non comme un événement qui touche quelqu’un mais l’humanité entière ? J’ai pu observer dans les milieux spirituels que la maladie est souvent interprétée comme l’expression d’un désordre, d’une faute ou d’une transgression. Loin de cette vision culpabilisante et négative, nous pouvons voir la maladie comme la quête d’un passage vers l’ordre. Ce n’est que dans la mesure où je suis victime de la maladie que je peux l’interpréter comme un coup du sort pour me punir. Mais si je la vois comme l’expression de la vie qui me pousse à apprendre pour grandir, elle devient pour moi, et à travers moi, pour l’espèce entière, un moyen d’accéder à un autre niveau d’organisation, à un ordre et à une conscience plus vaste. » Pourquoi cherche-t-on toujours un sens à la maladie ? Ne peut-on accepter qu’il y ait de l’inacceptable, de l’insensé ? Pourquoi vouloir toujours tout expliquer ? 

Dans l’une de ses interventions récentes, le philosophe Bertrand Vergely, questionnant ce besoin irrépressible de donner du sens à l’inacceptable, se demandait s’il n’y aurait pas une troisième voie entre la recherche du sens et la révolte. Accepter de ne pas comprendre, et constater simplement qu’au cœur des pires épreuves, la vie est toujours là, imprévisible, plus forte que tout. En l’écoutant, je pensais aux fleurs du désert qui se fraient mystérieusement un passage au milieu des pierres et du sable du Sahara.

L’enseignement :

 A partir de juillet 1989, on commence à venir voir Yvan. Un enseignement naît. Un enseignement qui lui est propre, avec ses mots à lui. Les gens lui posent des questions et Yvan répond. Une relation s’établit qui devient le cœur de l’enseignement : « L’enseignement naissait véritablement de la relation qui s’instaurait avec les personnes qui venaient me solliciter, et non pas d’une vérité à laquelle je m’étais éveillé. » Yvan veut que les gens qui viennent à lui se rencontrent eux-mêmes, en toute liberté.
Sa capacité d’accueil est reconnue : « On pouvait venir vers lui, se sentir totalement accueilli, et on pouvait repartir », disent ses amis. « L’instructeur est un homme qui a deux portes constamment ouvertes, celle de devant qui accueille, celle de derrière qui laisse partir. »

Qu’enseigne Yvan ? « J’ai vécu quelques années auprès d’un sage en Inde, et je n’en suis pas revenu hindou. Je suis revenu avec un cœur ouvert pour retraduire ici dans mon quotidien ce que j’avais vécu là-bas. Il m’a fallu actualiser, dans cet environnement, l’ouverture du cœur commencée là-bas. En faire avec le temps une action appropriée au sein de ma famille, et parmi les êtres que je côtoie tous les jours. » 
Yvan enseigne la pratique de la « relation consciente ». Comment être présent à tout ce qui est, être disciple de ce qui est. Il ne s’agit pas de fuir la réalité, dans la quête d’une expérience spirituelle coupée du monde, mais de s’y confronter et d’apprendre de chaque moment de la vie. Yvan décourage ceux qui sont obsédés par l'« éveil ». Il voit là un danger. Il faut entrer en relation consciente avec ce qui est. C’est ce qu’il appelle la « voie du monde », la voie de l’immanence. C’est une voie exigeante, car elle oblige à sortir de son égoïsme, à prendre ses responsabilités, à tenir compte d’autrui. « Aimer, c’est être responsable, écrit Yvan. On ne peut envisager un enseignement sans être responsable de son prochain ; il n’est pas question de s’éveiller tout seul, mais de faire grandir le tout. » 

Il ne s’agit pas de « s’éveiller » pour tirer son épingle du jeu, mais pour grandir ensemble. « Dans mon enseignement, j’ai voulu... que les personnes entrent en relation les unes avec les autres, qu’elles oublient un objectif personnel d’éveil, de libération, et reconnaissent qu’on ne peut grandir qu’ensemble, en prenant le risque de l'autre, en entrant en relation profonde avec l’autre dans la mesure où celui-ci est l’occasion d’aller voir ce qu’on n’est pas capable de voir tout seul. » Yvan a le don de « faire grandir ». Il sait voir en l’autre l’« or en puissance ». Il aide l’autre à aller vers lui-même. C’est cela la vraie transmission. Non pas donner quelque chose que l’autre n’a pas, mais permettre à l’autre, en votre présence, de « se souvenir » de ce qu’il est profondément. C’est pourquoi son enseignement n’a rien d’une aliénation à une pensée ou à une théorie. 

Non, il sait rendre libre. Et tous ses amis, tous ses élèves le reconnaissent aujourd’hui. Il a une contagion d’être. Sa liberté intérieure, sa confiance dans la vie, son amour des êtres sont contagieux. "Il était contagieux de quelque chose, d’une force incroyable" témoigne Arnaud Desjardins qui l’a rencontré quelques années avant sa mort et qui l'à inviter à venir parler lors de l’assemblée générale de son association. Et d'ajouter « C’était un être totalement cohérent. Tout sonnait juste ! » 

 Extrait de "Mourir les yeux ouverts"
Par Marie de Hennezel



samedi 25 janvier 2014

Stage avec Jacqueline Kelen « L'Atelier des Fées » (22 et 23 mars)

Pourquoi les contes de fées plaisent-ils à tout âge? Pourquoi sont-ils inoubliables? A quel monde merveilleux donnent-ils accès?

Loin d'être réservés aux petits enfants ou de se réduire à des explications psychologiques, les contes transmis par Perrault, les frères Grimm et Andersen sont avant tout des récits initiatiques: ils rappellent la présence du monde surnaturel et éveillent la conscience aux réalités éternelles.

Ils parlent à mots couverts du sentiment d'exil, de la vie brève et de la mort inéluctable, de la puissance de l'amour, de la beauté menacée, de l'innocence mise à mal et des secours célestes.

Durant cette rencontre, nous déchiffrerons le sens caché de quatre contes célèbres : Le Vilain petit Canard, Barbe-Bleue, la Belle au bois dormant, Blanche-Neige. Nous partagerons nos points de vue sur ces récits et verrons comment ils résonnent en notre être profond...

jeudi 23 janvier 2014

Le sourire est commun à toutes les langues...


Rencontre entre Alexandre Jollien et Bernard Campan


"Une fois n’est pas coutume, Manuella Maury accueille dans son émission 2 invités. Mais pas n’importe lesquels ! Des êtres profonds qui se sont découverts par écran et téléphone portable interposés et qui sont devenus amis voilà 6 ans déjà, pour partager, philosopher, méditer et échanger. Le philosophe Alexandre Jollien, dont le dernier ouvrage Le Philosophe nu caracole en tête des ventes, a ému le comédien et réalisateur français Bernard Campan. Je me suis reconnu en lui, dit ce dernier à propos du Valaisan.

Lors de ce voyage entre Genève et Zurich, les 2 amis se livrent à cœur ouvert et avec générosité. Leur quête du bonheur (l’art de la joie), du détachement, de l'allègement, la volonté d’être vrai, la quête du silence et du calme, la contemplation et la méditation sont autant de points communs qui seront évoqués au cours de l’entretien. Mais il sera aussi question de libre-arbitre et de carcans, car tous 2 ont dû lutter contre les idées reçues et les clichés pour s’affranchir de leur passé.

Du côté des surprises, un message audio d’André Comte-Sponville sera diffusé dans le wagon avec beaucoup d’émotions, tandis que des œuvres enfantines et une gourmandise chocolatée toute particulière achèveront de combler les invités du jour."





mercredi 22 janvier 2014

Rencontre entre Bernard Campan et Alexandre Jollien (3)


B. C. : J’aimerais pouvoir dire qu’il y a des rôles dont l’incarnation change la vie autant que la fréquentation des philosophes, mais c’est un vœu pieux. Disons qu’il faut le souhaiter, il faut tendre vers ça, à ceci près que, encore une fois, les rôles qu’on incarne réclament, de la part de l’acteur, qu’il aille chercher en lui-même ce qu’il fait dire à un autre. Être acteur, c’est multiplier les identités sans être trop affecté par elles sous peine de verser dans le psychodrame. Si le métier d’acteur change la vie, c’est qu’il apprend à se connaître soi-même. C’est un combat, finalement. Avec le bonheur à la clé.

A. J. : J’ai dû me battre pour accepter la possibilité d’être heureux malgré les circonstances. J’ai mis longtemps à accepter l’idée que le bonheur ne soit pas insupportable, en particulier quand ma petite fille est née. Mais je suis en train de me libérer de l’idée du bonheur, pour aller vers la joie. La modernité véhicule une idée du bonheur qu’on identifie platement à l’hédonisme ou au bien-être… C’est une définition très pauvre, négative et assez fade, qui résume le bonheur à l’absence de tristesse, à la négation de tout ce qui contrarie le plaisir. La grande, l’infinie différence entre le bonheur et la joie tient en ce que la joie intègre les malheurs, les peines, les difficultés que le « bonheur » exclut. Être joyeux, c’est assumer la tristesse. Être heureux, c’est la récuser, croire qu’on peut (et qu’on doit) vivre sans elle. Le bonheur est belliqueux, la joie fait la paix.

B. C. : Bonheur ou joie ? Plutôt la joie, bien sûr, mais je ne suis pas certain de m’affranchir du bonheur aussi facilement qu’un philosophe. Le bien-être et les plaisirs, en tout cas, sont indispensables à l’équanimité, l’ataraxie, la tranquillité, la paix que décrit Alexandre. Ce qui est certain, c’est qu’il m’est arrivé d’être joyeux à l’intérieur de grandes souffrances et d’être triste dans des moments de grande joie, comme à l’adoption d’un enfant.

A. J. : C’est amusant – si j’ose dire – de constater qu’on parle de la joie comme on pourrait parler du deuil, dans la mesure où le travail du deuil consiste non pas à nier la mort de quelqu’un, mais à l’assumer, de la même façon, le travail de la joie consiste à ne pas nier la tristesse mais à l’assumer.

B. C. : Pour qu’un deuil soit un deuil, il doit être accompagné d’une joie. Sans joie, pas d’acceptation.

A. J. : Et sans acceptation, pas de chance. La chance n’est pas une faveur de la fortune, mais elle réside tout entière dans l’aptitude à recevoir le peu qui nous est donné. La « chance » reconduit l’injonction stoïcienne d’accepter ce qui ne dépend pas de moi. La chance compose avec la malchance.

B. C. : C’est l’histoire, que raconte Alexandre dans son livre, du paysan dont le fils se casse une jambe. Le père est accablé car, du coup, il ne pourra pas l’aider au champ. Mais le lendemain de sa fracture, la guerre est déclarée et le fils ne va pas sur le front. Tous les voisins qui, la veille, plaignaient le paysan reviennent le voir le lendemain pour lui dire combien il a eu de la chance. Moralité : d’un mal peut sortir un bien, et la confiance consiste à accepter de ne pas savoir ce qui est bon ou mauvais pour nous.

A. J. : De ce point de vue, a posteriori, on peut dire que mon handicap a été une bénédiction. Comme dit saint Augustin : « La mémoire est l’estomac de l’esprit. » On peut se libérer du passé en créant quelque chose à partir de lui, mais j’avoue que, sur le moment, la douleur (comme toute douleur) est injustifiable.

B. C. : Quand j’ai rencontré Alexandre, le premier conseil qu’il m’a donné a été de lire Lettres à un jeune poète de Rainer-Maria Rilke, un livre dans lequel j’ai découvert que l’artiste était un « passeur de lettres ». En d’autres termes, tout créateur est l’interprète de quelque chose qui le précède déjà. La création est une manière de s’abandonner à ce qui est en nous, de se libérer de ce qui nous empêche de coïncider avec nous-mêmes. Le créateur improvise et ne contrôle rien : les choses s’expriment à travers lui et presque malgré lui. Tout acteur peut témoigner que ce qui est intéressant dans sa démarche, c’est le moment où il n’en a plus la maîtrise, le moment de grâce où, malgré tous les dispositifs mis en place, il parvient à lâcher prise. C’est un exercice d’humilité : créer demande d’accepter qu’on ne soit plus le maître à bord .

source : Philosophie magazine 
Propos recueillis par Raphaël Enthoven

mardi 21 janvier 2014

Rencontre entre Bernard Campan et Alexandre Jollien (2)


B. C. : J’ai longtemps été séparé de mon propre corps, pour avoir grandi dans une famille qui n’aimait pas trop les contacts. Nous vivions sous le régime d’un code social qui enlevait tout son intérêt à la chair, au profit d’un intellect désincarné. Il fallait que je m’en extirpe : le théâtre a rempli cette fonction libératoire. En allant sur scène, j’ai surmonté des années de négligence à l’endroit de mon corps. Du coup, c’est le théâtre qui, en m’invitant à travailler contre un code génétique et social, m’a permis de progresser sur le chemin du bonheur dont trop d’abstraction nous éloigne. En ce sens, il y a une différence essentielle entre le travail d’un acteur au théâtre et à la télévision ou au cinéma. Alors qu’un acteur de théâtre est en prise directe avec le public (on peut presque le sentir, le toucher), il lui est paradoxalement assez facile de s’isoler. Les limites de la scène, le noir qui l’entoure et le silence dans lequel il baigne sont propices à l’isolement, la solitude et l’introspection. Au cinéma, en revanche, on est toujours regardé par une caméra indiscrète. En fait, alors que l’image est plus lointaine que la scène, le travail que l’acteur fait sur lui-même pour s’isoler et conquérir une indépendance est plus difficile au cinéma qu’au théâtre.

A. J. : Je ne suis pas convaincu par le terme d’« indépendance », auquel je préfère celui de « liberté ». Dans la question difficile du rapport à autrui et de la place qu’il faut faire aux regards extérieurs, l’indépendance résonne un peu comme un mur qu’on met entre soi et les autres. La liberté me paraît moins figée, car elle consiste non pas – comme on le dit en général – à « faire ce qu’on veut », mais à se rendre disponible à autrui, à baisser un peu la garde, à s’ajuster à l’autre, c’est-à-dire négocier la distance qui me sépare d’autrui savoir être ni trop près ni trop loin.

B. C. : C’est l’« eumétrie », n’est-ce pas, Alexandre ?

A. J. : Exactement. L’« eumétrie » ou la bonne distance. C’est la distance qui se réajuste tous les jours, qui permet d’être près sans être mélangé, et à distance sans être lointain. L’eumétrie est une démarche active, un mouvement sans fin que les circonstances changeantes imposent de revisiter en permanence pour saisir l’opportunité, le kairos aristotélicien qui permet d’accorder sa confiance à quelqu’un.

B. C. : Ça demande beaucoup de patience…

A. J. : Je préfère le terme de « confiance ». Il y a dans la patience un élément de passivité qui m’est étranger. La confiance est active et tournée vers autrui. Elle est, à mes yeux, ce qu’on peut faire de mieux en matière de rapports humains, dans la mesure où l’empathie est, elle, utopique. Je suis de plus en plus sceptique sur l’aptitude à se mettre à la place de l’autre et à comprendre sa souffrance, mais il reste la confiance, le don de la confiance qui scelle une proximité véritable.


B. C. : Il est tentant de croire qu’un acteur, à l’inverse, a non seulement la possibilité mais le devoir de se mettre à la place de l’autre, mais c’est faux. Bien sûr que, quand on joue, on emprunte un personnage et on essaie de l’incarner aussi justement que possible. Mais quand on travaille sur un rôle, il s’agit moins de se mettre à la place de quelqu’un, que d’aller chercher ce qu’il y a, peut-être, de commun entre le personnage qu’on imagine et ce qu’on pressent. Tout le monde est avare et tout le monde est généreux. Pour jouer la générosité ou l’avarice, un acteur a donc le devoir d’aller chercher et d’exhumer le défaut qui est celui du type qu’on représente. Cette démarche est un antidote à la maladie du jugement dont on parlait tout à l’heure, puisqu’elle consiste à se demander dans quelle mesure je suis moi-même affecté des vices que j’attribue à un autre.

A. J. : Le jugement est finalement la mauvaise distance. C’est la volonté vorace de rapprocher l’autre de moi en l’insérant dans mes valeurs, d’emprisonner l’autre dans mes propres catégories. Le jugement a ceci de rassurant (et de dangereux) qu’il nie l’altérité, au motif qu’elle est incompréhensible et peut faire peur. Cela dit, nous parlons des autres (et à leur place) pour parler de nous-mêmes. En ce qui me concerne, j’aime à m’approprier les philosophes dont je parle, ce qui ne veut pas dire que je les travestis, mais que je suis fidèle à moi-même en parlant d’eux...



source : Philosophie magazine

lundi 20 janvier 2014

Rencontre entre Bernard Campan et Alexandre Jollien (1)

Entre eux, l’amitié s’est imposée comme une évidence, un apprentissage de la différence et du respect, dont ils nous délivrent quelques conclusions.

L’un passe pour un « comique », l’autre pour un « handicapé », mais quelle notoriété ne repose pas d’abord sur un malentendu ? Après s’être fait remarquer sur la scène du Petit Théâtre de Bouvard, Bernard Campan a connu un succès phénoménal avec les Inconnus (en compagnie de Didier Bourdon et de Pascal Légitimus), mais, depuis 1999, il s’attache à remplacer la comédie par un cinéma plus intimiste, émouvant, parfois douloureux, tantôt sous la direction de Bertrand Blier (Combien tu m’aimes ?), de Marc Esposito (Le Cœur des hommes) ou de Zabou Breitman (Se souvenir des belles choses et L’Homme de sa vie).

Suite à un accident de naissance (strangulation par le cordon ombilical), Alexandre Jollien est infirme moteur cérébral. Après avoir décrit, dans Le Métier d’homme (Seuil, 2002), le combat quotidien d’un corps difficile, la dureté du corps médical et le sentiment d’anormalité qui accompagne son handicap natal, celui qui veut « rester vulnérable pour ne pas anesthésier sa sensibilité » entreprend, dans La Construction de soi, son dernier ouvrage, de dessiner un art de la joie malgré le monde et ses difficultés. Il souhaite également s’affranchir de l’étiquette d’« anormal savant », au profit d’une conversation joyeuse et sans illusion avec les plus grands penseurs – Boèce, Schopenhauer, Spinoza, Montaigne, Épicure…


Bernard Campan : J’ai découvert Alexandre Jollien à l’occasion d’une émission de télévision. J’ai tout de suite eu envie d’écrire un scénario à propos de son histoire qui m’a renvoyé à mes propres handicaps, à ma propre difficulté de vivre ou d’être heureux. Mais l’idée du film a rapidement été mise de côté au profit d’une amitié pure, sans autre enjeu qu’elle-même.

Alexandre Jollien : L’objectif du scénario était, à la faveur du récit de ma vie, de témoigner d’un état d’esprit, essentiellement joyeux malgré la douleur des êtres et la situation du monde. Mais on a eu peur que les spectateurs ne réduisent le film au handicap qui m’affecte. Rares sont ceux qui ne s’arrêtent pas aux apparences… Cela dit, pour dépasser le handicap, il faut tout d’abord le voir, le reconnaître. Nul n’échappe aux apparences, mais tout le monde n’est pas obligé de s’y tenir. Elles sont une porte ouverte qu’on néglige souvent de franchir, faute d’audace ou de temps.

B. C. : Il faut dire qu’Alexandre lui-même est sans pitié ! Je me souviens du jour où je lui ai montré la première mouture d’un autre scénario que je venais d’écrire. Il m’a juste dit : « Bon, ce n’est pas mal mais un peu conventionnel… » J’étais effondré. Grâce à lui, je venais de comprendre que j’avais plus écrit pour épater la galerie que pour dire quelque chose. Tout était à refaire, j’ai donc recommencé, avec la bénédiction d’Alexandre. Il m’a promis de me « tenir la main » jusqu’à la fin de la rédaction, ce qu’il a fait. Je ne sais pas si le nouveau scénario est bon, mais je sais qu’il est désormais fidèle à ce que je voulais dire. En un sens, Alexandre m’a permis d’accoucher de moi-même.

A. J. : Dans mes ouvrages, je ne cherche pas à me faire plaindre, mais à poser la question de la dissemblance, à revenir sur la distinction entre le normal et le pathologique, à décrire le parcours qui transforme éventuellement le malheur en bénédiction. À aucun moment, je n’ai cherché à inspirer l’espèce de sollicitude – ou de condescendance – qui pollue certains articles sur mon dernier livre, La Construction de soi. Quand je lis un papier qui ne parle que de ça, j’ai l’impression d’être deux fois handicapé. C’est (au moins) une fois de trop ! Il y a du jugement dans la commisération. Mieux vaut ne pas être du côté de ceux qui, selon Spinoza, « aiment mieux prendre en haine ou en dérision les passions et les actions des hommes que de les comprendre ».


B. C. : J’envie la sagesse d’Alexandre (ou celle de Spinoza), car, pour ma part, le jugement m’obsède. Je suis même, je l’avoue, dans un jugement permanent. Disons que je condamne le jugement sans pouvoir m’empêcher de le pratiquer. Si le jugement est toujours premier, je reconnais qu’il est cependant possible de l’éviter. Une des voies pour y parvenir consisterait à admettre la tentation de juger qui existe en chacun de nous pour la dépasser ensuite.

A. J. : C’est dire que nous sommes tous les deux d’un tempérament résolument pacifique. Je crois que ça vient du fait que nous utilisons l’un et l’autre notre corps comme outil de travail. En ce qui me concerne, la recherche de la cohérence philosophique m’impose de tenir toute pensée pour une émanation du corps. De faire la paix, en somme, en moi-même et avec moi-même.


Propos recueillis par Raphaël Enthoven

dimanche 19 janvier 2014

L'autre avec Christian Bobin



Faire sans cesse l’effort de penser à qui est devant soi, lui porter une attention réelle, soutenue, ne pas oublier une seconde que celui ou celle avec qui tu parles vient d’ailleurs, que ses goûts, ses gestes, ses pensées ont été façonnés par une longue histoire, peuplée de beaucoup de choses et d’autres gens que tu ne connaîtras jamais. Te rappeler sans arrêt que celui ou celle que tu regardes ne te doit rien, n’est pas une partie de ton monde, il n’y a personne dans ton monde, pas même toi. 

Cet exercice mental – qui mobilise la pensée mais aussi l’imagination – est un peu austère, mais il te conduit à la plus grande jouissance qui soit : aimer celui ou celle qui est devant toi, l’aimer d’être ce qu’il est, une énigme – et non pas d’être ce que tu crois, ce que tu crains, ce que tu espères, ce que tu attends, ce que tu veux. 

Christian Bobin 
Autoportrait au radiateur 
pp. 83-84


samedi 18 janvier 2014

Svâmi Prajnânpad par Denise Desjardins


André Comte-Sponville a dit de lui qu’il est le « maître qui convient quand l’espérance ne convient plus ». Pragmatique, précis, Svâmi Prajnânpad tenait sans doute sa rigueur d’une formation scientifique - il enseigna la physique dans sa jeunesse - et de la tradition brahmanique dont il était issu. Il n’avait rien de mystique. Certes, il a vécu quelques années comme un moine errant dans l'Himalaya, mais il qualifia plus tard cette période de «folie ». Car pour lui, qui s’y engageait aussi, c’est au cœur même de nos contraintes familiales et professionnelles que nous devons « faire le travail » et trouver le chemin de l’acceptation. Il a été l’un des premiers lecteurs orientaux de Freud, et s’en est inspiré pour concevoir son approche, une forme de psychothérapie spirituelle, à mi-chemin entre vedânta et psychanalyse.


À partir de 1959, date où Daniel Roumanoff rencontra celui que j’appelle « le sage de Channa » - du nom de l’endroit où était implanté son ashram - quelques Occidentaux, dont Arnaud Desjardins et moi-même, s’installèrent auprès de lui pour recevoir, via des entretiens puis plus tard une correspondance, ce qui s’avérera un enseignement spirituel hors du commun : dire oui à ce qui est, ici et maintenant ; passer de l’opinion à la perception, de l’imagination au fait, de l’illusion à la réalité... Tant d’invitations à se transformer !

J’aimais sa noblesse, son élégance. Il incarnait comme personne cette réalisation de soi que nous avions soif de trouver. Il était surtout doué d’une incroyable capacité de compréhension de l’autre. Il me disait : « Il faut que j’écoute ce que vous me dites, que je devine ce que vous me cachez et que je comprenne ce que vous ne pouvez pas comprendre. » Il « perçait les nœuds du cœur », en effet, mais dans un seul but : favoriser l’expression de l’être de celui qu’il accompagnait.






« Votre monde, c’est vous qui le fabriquez, de seconde en seconde, en faisant de la réalité une affaire personnelle, autrement dit une affaire émotionnelle. »





« Vous pensez que vous voyez et vous ne voyez pas que vous pensez. »




« Accepter consiste non seulement à dire oui à ce qui est ici et maintenant, mais aussi à ce qui va arriver. »



« Pas ce qui devrait être, mais ce qui est. »




« Moi seulement, moi et les autres, les autres et moi, les autres seulement. »




citations de Swami Prajnanpad extraites des livres d'Arnaud Desjardins

vendredi 17 janvier 2014

Transmission avec Denise Desjardins (3)


Mes conseils pour trouver l’unité intérieure

1_ CULTIVEZ VOTRE GERME D'ÉVEIL
Tout être, même celui qui semble très loin des questions spirituelles, porte en lui un germe d'éveil à l’état latent qui ne demande qu’à se développer jusqu’à atteindre un autre niveau d’être. Un grand maître tibétain m’a d’ailleurs dit un jour en ce sens : « Vous ou moi, il n'y a pas de différence. » Mais comme le germe végétal a besoin de lumière, d’air et d’eau pour se développer, nous avons besoin de calme intérieur et d’une grande ouverture envers nous-même pour que cette possibilité s’accomplisse. Avoir une vie intérieure suppose donc qu'on lui consacre du temps et de l’attention.

2_ SOYEZ UN AVEC CE QUI SE PASSE EN VOUS
Pour atteindre l’unité intérieure, il faut déjà faire un travail d’unification. Il commence par le fait d’accepter inconditionnellement et absolument toutes les émotions et les pensées quand elles arrivent, en sachant que « cela, c’est ma vérité du moment ». Cette adaptation à ce qui se présente et va, comme tout phénomène, disparaître - qu’il s’agisse de colère, de peur ou de rumination mentale - devient de plus en plus facile avec la pratique.

3_ SOYEZ UN AVEC CE QUE VOUS FAITES
Pour les grands sages que j’ai rencontrés, la méditation n’était pas seulement le fait de s’immobiliser quelques heures sur un coussin. Il s'agit aussi d’être vigilant au quotidien : même si l’on est en train d’éplucher des légumes, être totalement unifié, 24 heures sur 24, et sans renâcler. Cela paraît simple, mais est en réalité très difficile, car le plus souvent, on oublie de demeurer dans cette attention.

4_ DÉVELOPPEZ VOTRE ALTRUISME
Pour Svàmi Prajnânpad, toutes les émotions sont négatives, car elles sont sources de division intérieure. En revanche, les « sentiments » - l’amour, la compassion et la gratitude - qui aident à faire passer l’intérêt des autres avant le nôtre lorsqu’ils sont vécus pleinement - c’est-à-dire sans haine ni frustration - permettent l’ébauche d’une unité intérieure. 


source : La Vie

jeudi 16 janvier 2014

Transmission avec Denise Desjardins (2)


Avec le grand âge, je me sens dans une transparence bienveillante. J’ai perdu en mobilité, certes, mais gagné en compréhension...


Cette recherche d’absolu, je l’ai racontée dans mes livres : le départ en Inde, la rencontre avec la sainte indienne Mà Ananda Moyî et les bouddhistes tibétains, mon travail avec Svâmi Prajnânpad, qui enseignait l'Advaita Vedânta... Je recherchais ardemment ce qui se dégageait d’eux : l’éveil et la sérénité.

Depuis toujours, j’étais en effet souvent envahie de peurs irraisonnées, j’étais rebelle et souffrais d’une grande difficulté relationnelle avec ma mère. Quand je suis partie en Inde dans l’ashram de Svâmi Prajnânpad, j’ai osé un jour lui révéler la vérité : malgré les heures de méditation, chaque fois que je devais voir cette femme, j’étais envahie de terreur. Cela lui apparut alors évident : cette hostilité vis-à-vis de ma mère était un empêchement à ma vie intérieure. M’en libérer était devenu incontournable.
Cela prit des années. De longues heures d’exploration intérieure et de dialogue avec mon maître, notamment à travers les « lyings », ces sessions allongées, véritables catharsis émotionnelles qui, grâce à l’association libre, m’ont permis d’accéder aux strates inconscientes de mon être. Je n’ai jamais autant pleuré ! Peu à peu, un événement enfoui se révéla. Un moment de violence extrême que ma mère avait eu envers moi, alors nourrisson, et qui devait aussi faire écho à ces expériences antérieures auxquelles se réfère notamment le bouddhisme.

Cette révélation expliqua mes terreurs. Par la suite, je commençai peu à peu à ne plus me sentir ballottée par mes émotions. J’ai plus tard décidé de redonner ce que j’avais abondamment reçu, et encore aujourd’hui, à 90 ans, je reçois en « lying » une personne presque chaque jour. Avec ce grand âge, je me sens dans une transparence bienveillante. Tout ce qui a été ma « personne » a d’une certaine manière disparu : je ne suis plus une peintre, une épouse, une mère... J’ai perdu en mobilité, certes, mais gagné en compréhension. Le désir de délivrance intérieure qui m’a guidée toute ma vie, avec rage et détermination, s’est transformé en pure compassion pour ceux qui cherchent à se transformer.



Ainsi, je ne désire ni une fin prochaine
Ni un éventuel prolongement de mes jours
Mais j'accepte de jouer loyalement
Le dernier acte du long théâtre de ma vie
Où j'ai fait le plein d'actions, de sensations
Le plein de donner, le plein d'aimer,
Le plein de recevoir.
Que ma façon de me comporter et mon équilibre
Me permettent d'attendre paisiblement
Le moment où je quitterai cette existence,
Tel est aujourd'hui, mon souhait. 

(Uzès, mai septembre 2012)

mercredi 15 janvier 2014

Transmission avec Denise Desjardins (1)

Elle a été initiée au travail sur soi et à la méditation par des sages tibétains et hindous, qu’elle est allée très tôt rencontrer en Asie. Mais c’est une voie singulière, entre Advaita Vedânta et psychanalyse, qui lui a permis d’accéder à sa vérité.

Parvenir à l’unification intérieure, faire l'expérience de la non-dualité. Ces promesses de l’enseignement des grands maîtres bouddhistes tibétains et hindouistes que j’ai rencontrés à la maturité, j’en avais senti les prémisses dans mon enfance. C’était à Alger, un soir, alors que petite fille de 10 ans traversant un chagrin, j'attendais avec impatience le retour de mon père à la fin de sa journée de travail. « Il me prendra dans ses bras, me consolera », pensais-je. Quand ce moment tant attendu arriva enfin, je me jetai vers lui. De grosses larmes tombées de mes joues ont alors mouillé son bras. « Va te moucher », me dit-il sèchement. Moi qui croyais son amour pour moi inconditionnel, je vécus sa réaction comme un rejet définitif.

Je courus dans ma chambre, désespérée, une seule idée en tête : mourir. J’imaginai alors un scénario suicidaire : je me mettrais toute la nuit à la fenêtre, j’attraperais une grave maladie, c’en serait fini pour moi... Je fis ainsi. Déshabillée, je m’exposai de longues heures à la fraîcheur de la nuit. Mais peu à peu, cette situation douloureuse se transforma en source d’apaisement. Le ressac de la mer, la douceur de l’air, le ciel étoilé... Tout à coup, je n’étais plus seule, ni rejetée. Il me semblait être dans un cocon protecteur. Et mon père n’était plus hostile, puisque tout ce qui m’entourait, me ressourçait. Comme je l’ai écrit dans mon dernier livre : « La nuit m’avait transportée là où il n’y a plus de contraires, ce n’était pas la mort, mais la disparition de toute division, des moindres refus, des tristesses et des manques. Et seul demeurait ce que je ne savais encore nommer : la gratitude d’avoir reçu. Je dirais aujourd’hui : la plénitude. »

La plénitude, je l’ai ardemment recherchée. Dans une première partie de ma vie, d’abord, alors que j'étais peintre. Dès mes dessins d’enfants, puis mes œuvres d’artiste reconnue - sous le nom de Denise Chesnay - j’avais constaté que, lorsque je peignais, le fait de fixer l’extérieur (un paysage, un visage...) tout en restant connectée à mon intériorité suspendait l'activité mentale habituelle du type « j’aime/je n’aime pas », le jugement. Et l’expérience esthétique pouvait alors me toucher en profondeur. J’avais compris qu’en m’intériorisant, je pouvais atteindre des états extrêmement régénérants et libérateurs. Ce fut donc pour moi une étape essentielle de ma quête de vérité. Mais les rivalités entre peintres, la nécessité de se vendre, me plongèrent dans une grande désillusion...

C’est au moment où ma passion pour l’art déclinait que je fus introduite dans les groupes de Georges Gurdjieff, initié des soufis et auteur du célèbre Rencontres avec des hommes remarquables. Les exercices de « rappel de soi » qu’on y enseignait pour développer l’attention à l’autre tout en restant centré finirent de me convaincre que la quête de l’unité intérieure était le sens de ma vie. Je rencontrai là un autre chercheur spirituel, celui qui allait devenir mon époux, Arnaud Desjardins. Nous avons su dès le début de notre relation que nous ne voulions pas seulement former un couple affectif et sexuel, mais vivre en commun une évolution intérieure...

(source : La Vie)

C'est pourquoi ce qui demeure
Des jours qui me sont destinés,
Je le considère avec gravité et gratitude
Mais sans inquiétude, comme un cadeau
Que je dois respecter.
Il m'offre la possibilité
D'aller jusqu'au bout de mon chemin d'évolution

(Contre vents et années)

mardi 14 janvier 2014

Le baratin intérieur... avec Alexandre Jollien

Je vous ai sélectionné quelques extraits de l'émission de France Inter avec Frédéric Lopez où Alexandre Jollien présente le "Petit traité de l'abandon : pensées pour accueillir la vie telle qu'elle se propose" (mai 2013).


Quelques moments choisis 
avec Alexandre Jollien
(22 min)

lundi 13 janvier 2014

dimanche 12 janvier 2014

Nos parents nous mènent-ils à l'introspection ? avec Marc Pistorio


Pourquoi ? Qu’est-ce qui fait qu’on ne peut pas parler à ses parents ? Est-ce par manque d’intérêt ? Parce qu’on a peur de leur réponse ? Si l’on se donnait le droit, qu’est-ce qu’on aurait à leur dire ? Une chose est certaine, il ne faut pas attendre qu’ils soient au seuil de la mort pour leur parler. On se prive ainsi de développer une relation saine avec eux.

[l'introspection]....C’est un programme qui n’est pas nécessairement très tentant... Mais il faut se demander si, en me refusant le droit à pareille démarche, vais-je un jour réussir à être exactement moi-même, à être aimé pour ce que je suis, à choisir des relations qui sont saines pour moi ? La réponse, c’est non. Pour arriver à tout ça, l’introspection est souvent essentielle. Entreprendre une démarche d’authenticité, ça peut vouloir dire, pour un temps, s’isoler parce qu’on dérange un peu nos proches. Mais ça ne dure qu’un temps. Les gens qui resteront sont ceux qui nous aiment vraiment et qui nous veulent du bien !

Marc Pistorio
(magazine Mieux être)

Réponse de Marc Pistorio à une question d'enfant
source : France Inter




samedi 11 janvier 2014

Mystère de la lumière...


J'aime les enlumineurs, les peintres, les maîtres verriers, tous ceux-là qui tentent de capturer l'impalpable lumière du ciel. Toute leur attention, tous leurs gestes sont orientés vers la qualité du jour, vers ce déclin ou cette aube, et même dans le sommeil la lumière les traverse... 
Jacqueline kelen


Photo du blog de Dominique

vendredi 10 janvier 2014

Denise Desjardins et le sens de la Vie

Elle a côtoyé les plus grands maîtres spirituels du XXe siècle. A 90 ans, Denise Desjardins publie son livre testament, Contre vents et années (éd. Table ronde). Virginie Larousse, rédactrice en chef du Monde des Religions, est partie à sa rencontre.

« Chaque être humain porte, enfoui en lui, un germe d’éveil, dans un état latent. Pour parvenir à la symbiose avec tous les êtres, tout l’espace, et finalement ne faire qu’un avec l’infiniment vaste, ce potentiel d’éveil doit être développé. Mais la plupart des personnes l’ignorent ou ne s’en préoccupent guère. Swâmi Prajnânpad disait d’ailleurs : “L’homme a des possibilités infinies, mais des probabilités limitées” ! Nourrir le germe d’éveil est le but de la vie humaine. C’est à cela que sert la méditation : calmer son individualité, apprendre le détachement, donner de l’attention et de l’énergie pour nourrir cette possibilité d’éveil. Ne pas le faire, c’est passer à côté du vrai sens de la vie. »


Denis Desjardins en quelques dates

1923 | Naissance à Alger dans une famille juive.
1943 | S’installe à Paris et se lance dans la peinture, puis découvre les groupes Gurdjieff.
1959 | Entreprend avec son mari Arnaud Desjardins et leurs enfants un voyage en Inde, aux côtés de Mâ Ananda Mayî et de Swâmi Prajnânpad.
1974 | Fonde un ashram en Auvergne avec son mari, et se consacre à la pratique et à l’enseignement du lying.
1994 | Publie De naissance en naissance
1995 | Publie La Route et le CHemine. Carnet de voyage et d'ascèse
1997 | Publie La mémoire des vies antérieures
2001 | Publie Le Lying, passerelle au coeur de soi
2008 | Publie La Rage et l'Absolu
source : le monde des religions

jeudi 9 janvier 2014

Yvan Amar rencontre son maître Chandra Swami


Dès mon arrivée en Inde se produisirent plusieurs coïncidences. Je rencontrai d’abord des Canadiens ; l’un d’eux avait entendu parler d’un sage qui vivait sur une île forestière, au milieu du Gange, sur les contreforts de ('Himalaya. Puis, à Rishikesh même, une Américaine me confia qu’elle avait passé de nombreuses années en Inde, et qu’un seul homme pouvait à ses yeux être qualifié de maître, de guru authentique : il vivait sur une petite île forestière, au milieu du Gange, sur les contreforts de l’Himalaya. Le lendemain, une troisième personne, une jeune Européenne, me dit qu’elle avait rencontré un sage qui vivait sur une île forestière, au milieu du Gange, et que depuis elle voulait suivre son enseignement. Elle me montra le livre de cet homme, qui était Chandra Swami. Dès que je le vis en photo, je me sentis appelé. L’Américaine me prêta ce livre que je lus d’une traite et, comme il était très difficile de se le procurer, j’en recopiai les trois quarts pendant la nuit ! Le lendemain matin, lorsque je lui rendis le livre, la dame m’expliqua comment me rendre auprès de Chandra Swami et je partis aussitôt. Il y avait tout juste quinze jours que je me trouvais en Inde.

C’était en novembre. J’arrivai à l'âshram où pouvaient loger les visiteurs. Le swami séjournait alors au Cachemire, mais il ne tarderait pas à rentrer. Je savais qu’il avait accompli une partie de sa sâdhana* dans cette région et qu’il rendait régulièrement visite à ses devotees. Un matin, vers cinq ou six heures, on vint frapper à la porte de ma chambre pour me demander si je voulais voir le swami qui passait à l’âshram avant de regagner sa hutte dans la forêt. On m’amena dans une pièce et je me retrouvai devant Chandra Swami. Il ne se passa rien d’extraordinaire, mais trois choses me frappèrent à cet instant. D’abord, la beauté de cet homme m’apparut comme un témoignage incontestable : seule une expérience ultime pouvait communiquer une telle beauté. En sa présence, je sentis en outre que jamais je ne l’oublierais et que jamais je ne pourrais lui mentir.


De la façon la plus naturelle, comme font tous les Indiens, il me demanda simplement : « Where do you come from ? » Puis il resta silencieux et me dit enfin que je pourrais lui rendre visite à l’heure du darshan, sur son île, où il recevait chaque jour les quelques personnes qui voulaient bien faire la marche dans la forêt. Je fis ce trajet pendant plusieurs mois. C’est là que j’eus la chance de vivre cette chose si rare en Occident : une relation totale avec un être. Le plus précieux, pour moi, c’est que cette relation ne se produisait jamais à partir d’un fait déterminé ; c’était toujours dans l’instant, dans l’obligation d’une sincérité totale à ce qui était.

Chandra Swami est l’incarnation même de ce qu’évoque le mot guru. En sanskrit, guru signifie « poids » : ce qui a du poids, ce qui est lourd. La même racine a donné grave, gravité, gravitation. Le guru est un homme de poids, comme on dit d’une parole qu’elle a du poids, ou d’un homme qu’il pèse dans une décision. Il est le poids de ce dont il témoigne dans la mesure où, plus qu’un maître spirituel, il est un maître matériel, incarnant cet esprit qu’il a réalisé. Étant le poids de cette expérience, il donne en outre du poids à ce qui est autour de lui, de la gravité à ce qu’il côtoie. Ainsi confère-t-il un centre de gravité aux choses, réinsère-t-il tout ce qu’il touche dans la gravitation naturelle. En sa présence, on est pris dans cette gravitation, contaminé par ce poids ; d’un coup, on a l’impression d’être lesté dans le réel. Le contact que j’ai eu avec lui, au-delà des mots, tenait dans cette sorte d’ancrage. Bien plus que le prétexte des enseignements, des pratiques, c’est cette qualité de relation, de contact de réalité qui a été essentiel.

Yvan Amar
L'Effort et la Grâce

mardi 7 janvier 2014

Denise Desjardins par Martin Colombet


"Denise Desjardins est une très vielle Dame. Je la photographie chez elle, dans un petit appartement d’un immeuble très chic de l’ile Saint Louis. Une seule fenêtre qui donne sur la Seine et qui forme avec le bitume et le ciel un aplat de gris un peu austère. Il a beaucoup plu la veille et la Seine est furieuse. 
Un homme qui a ouvert le feu ce matin sur des inconnus à Libération poursuit sa folle cavale dans l’ouest Parisien. Les bateaux de la police fluviale qui participent à la chasse à l’homme passent dans un sens et puis dans l’autre. Une sorte de psychose vient troubler la tranquillité des plus vieux quartiers de Paris où plus grand chose ne se passent d’habitude. 
A quelques centaines de mètres d’ici, le jeune homme blessé le matin même se fait sauver à la Pitié Salpétrière. 
Denise est très élégante, elle a mis son châle en soie. Les vieux abats-jours en tissu diffuse une lumière chaude et douce qui fait écho aux réverbères de la rue qui viennent de s’allumer dehors. La nuit tombe et les touristes flânent dans cette froide soirée d’hiver. J’ai passé deux heures avec elle, nous avons pris le temps de faire une belle photo avec Denise. Nous avons un peu parlé aussi et puis elle m’a demandé de partir, à cause de la fatigue."

source : http://www.martincolombet.info/tag/denise-desjardins/

Au chœur des moines...


Le chant du mystère : 




lundi 6 janvier 2014

Pour une bonne reprise du travail avec Pierre Lassalle

Qu'est-ce que le véritable travail ?


Savez-vous que le mot « travail » vient d’un mot latin tripaliare qui signifie « torturer » ? Amusant, non ?! 
Il existe deux aspects au travail :

C ’est une activité qui a pour but de permettre à l’être humain de demeurer conscient durant sa journée.
Il est donc plus juste de lui enlever sa notion de métier ou de profession (où l’on gagne de l’argent, mais sans être forcément conscient !), et de lui conserver plutôt celle d’activité, permettant l’attention et la vigilance.
Ainsi, une activité réalisée automatiquement, sans besoin d’une grande présence de l’individu ne devrait pas être appelée un travail ! Pourquoi l’être humain devrait-il rester conscient durant le jour ? Ne peut-il pas se laisser aller à faire n’importe quoi, sans conscience ? Essayez, et vous verrez rapidement les effets néfastes de ce genre de comportement !
D’ailleurs, cela ne vaut même pas le coup d’essayer, car vous connaissez certainement des gens dans votre entourage qui font cela. Lorsque l’être humain se laisse aller, et qu’il agit sans conscience, il est rapidement soumis à l’erreur, au mensonge, à l’exaltation, au défoulement, à l’irrespect, à la colère, à l’orgueil, à la jalousie, à l’avarice, et à beaucoup d’autres vices de la nature humaine qui émergent lorsqu’elle se soumet.
Un véritable travail, qui vous permet d’utiliser vos meilleures facultés, avec toute votre conscience, votre attention, et un aspect créatif, vous garantit de demeurer vous-même, dans une personnalité équilibrée...

C’est une activité qui vise à ce que l’individu accomplisse une œuvre de Bien. 

Notez que le mot « œuvre » est intéressant. En effet, alors que le mot travail était plutôt utilisé pour les tâches obligatoires, et que les mots profession ou métier incluent une notion de rémunération (donc le travail moderne), le mot œuvre devrait être le mot utilisé pour définir le véritable travail dont nous parlons ici.
Il s’emploie pour désigner une activité dans laquelle il y a une notion de créativité, et aussi le résultat de cette activité. Nous y voyons une notion de rencontre entre une part consciente et vigilante, voire créatrice, chez l’individu, et une part subconsciente. En effet, la véritable activité doit associer une part de libre arbitre, la consciente liberté de l’individu, avec le karma, cette part subconsciente imposée. N’oublions pas que les premiers chrétiens, dont Saint Paul, utilisaient le mot « œuvre » pour désigner le karma des Orientaux !
Ainsi, le vrai travail est une activité spirituelle, c’est-à-dire avec la participation de l’esprit humain bien conscient de ses actes, ou l’individu œuvre au plus grand bien de tous, tout en transformant son karma (en réglant un certain passif, une certaine dette, grâce à ses efforts conscients).
Quand un être humain œuvre ainsi, la lumière de son esprit (relié à son Ame céleste) imprègne tout ce qu’il touche, comme nous le voyons sur l’image. Le grand mystère de la transsubstantiation se trouve juste derrière de tels actes ! C’est vers ce vrai travail, ou œuvre, qu’il nous faut tendre, que l’on soit un homme ou une femme.

Et la carrière ? Dans cet état d’esprit, sa seule place plausible est l’évolution de l’individu qui agit, en cherchant à réaliser une œuvre toujours plus emplie de conscience et d’esprit : c’est ce que nous appelons un acte de foi.

Pierre Lassalle 
(Extrait du nouveau tarot de l'individualisation)

Pour voir l'article plus détaillé, il suffit de cliquer...


dimanche 5 janvier 2014

Pour la venue des rois mages...

Pour la venue des rois mages, voici un des tirages du Jeu des Miroirs qui avait été réalisé sur un célèbre réseau social. 

Il vous permet d'aller à votre rencontre à travers les trois personnages, Gaspard, Melchior et Balthazar.


Suivez les consignes et votre bonne étoile :




vendredi 3 janvier 2014

Love is calculation. L’amour, c’est du calcul.


L’amour, c’est du calcul? Impossible ! 
 Voilà bien un langage de mathématicien. 
Cela paraît cynique de parler ainsi et pourtant la vérité n’est pas ailleurs. La vérité se situe bien au-delà de nos rêves, de notre idéalisme, de celui des autres qui ne correspond pas toujours au nôtre et des conflits d idéaux qui en résultent. 
Je calcule : « Si je fais cela, qu’est-ce que l'autre va recevoir ? » Comment vais-je utiliser mon temps, mon énergie et mes moyens financiers pour le meilleur rendement possible de mes manifestations d’amour ? Dire «je t aime » n’est pas une manifestation suffisante en elle-même. Comment faire sentir à l’autre qu’il est aimé et qu’il reçoit? Alors je calcule. À chacun de le faire réalistement, dans le relatif, avec les facteurs qui lui sont propres. L amour est calcul, l’amour est habileté. 

Cette habileté est une forme d’intelligence, une intelligence de la tête, bien sûr, mais surtout l’indispensable intelligence du cœur et même du corps qui peut nous faire sentir : ce dont l’autre a le plus besoin, c’est d’un peu de repos! «Allez, allonge-toi et repose-toi un instant. » — « Mais la vaisselle n’est pas faite. » — « Eh bien, je m’occupe de la vaisselle. »Vous avez donné à l’autre le repos dont il avait précisément besoin. 

Si vous avez un peu conscience de votre corps, si vous êtes attentifs à vos propres besoins, vous comprendrez les nécessités du corps de l’autre. Rien n’est parfois plus bouleversant que d’être deviné, compris, sans avoir formulé la moindre demande. Mais la tête n’est pas assez intelligente pour sentir ces choses toutes simples qui peuvent tellement toucher l’autre. 

Oui, cette parole de Swâmiji m’a surpris : « Quel langage terre à terre pour parler d'amour ! » Maintenant, je comprends très bien ce qu’il voulait dire après m’être rendu compte qu’il y avait tant d’amour derrière cette terminologie abrupte. 
Swâmiji m’a montré, manifesté un amour infini, un amour absolu. Je vous livre la clef : l’homme qui m’a enseigné love is calculation est celui par qui je me suis senti non seulement le plus, mais le mieux aimé, le plus intelligemment aimé. 





Arnaud Desjardins
LaVoie du cœur, chap. « L’amour est habile ».
 Extrait de "Les formules de Swami Prajnanpad"