jeudi 28 mars 2024

21 messages

 21 messages à transmettre à chaque membre de la génération suivante :


1. – Tu es un être désiré. Tu es ici parce que l’Univers l’a décidé.

2. – Ressens que tu es libre d’être ce que tu es, ne laisse personne te mettre d’étiquette, ni t’imposer de scénario qui ne correspond pas à ton authenticité.

3 . – Chaque ancêtre de ton arbre est un cadeau à l’intérieur de toi qui doit être utilisé en ta faveur et en faveur de tout l’Univers.

4.  –  Apprend à ne pas demander d’amour, aime simplement.

5. – Crois aux petits miracles quotidiens et sois attentif aux coïncidences, car il y a en elles des messages cachés qui peuvent te guider sur le bon chemin.

6. –  Chaque jour, fais un acte généreux envers un proche.

7. – S’il y a eu des traumatismes dans ton arbre généalogique, guéris-les en agissant.

8. – Laisse-toi guider par ton corps, il est sage. Il t’alertera dans les situations que tu dois éviter, en te faisant ressentir de la tension ou du malaise. Il te dira aussi quand tu seras aligné avec ce que tu es, en te faisant ressentir une relaxation et du bien-être.

9. – Ne contamine pas ton corps avec des toxines ou une mauvaise alimentation.

10. – Quand tu le pourras, sois indépendant. Travaille en utilisant ta créativité et deviens adulte.

11. – Écris un poème chaque jour.

12.- Cherche et provoque des situations qui te font rire.

13. – Aie tendance à partager, à collaborer et à être solidaire.

14. – Quand tu as des problèmes, tu peux les analyser, tu peux en parler, mais sois certain que tant que tu n’agis pas, la transformation ne se produit pas.

15. – Ressens de la GRATITUDE pour tous les cadeaux que l’Univers te fais.

16. – Rappelles-toi qu’en ce plan d’existence, rien ne périt, mais se transforme.

17. – Lis, étudie, connais… expérimente par toi-même.

18. – Ne t’attache pas au matériel. Ne consomme que ce dont tu as besoin.

19. – Ne t’attache pas non plus à quelque croyance que ce soit. Ton corps se renouvelle chaque jour, fais en sorte que tes idées aussi.

20. – Sème chaque jour les  graines qui te viennent du dedans ou de l’extérieur. Ces graines peuvent être des mots, des caresses, de la beauté, des actions. De ces graines germent plus de sagesse, d’amour, d’art et de santé.

21. – Que le territoire qui est au-delà de ton corps, de ta maison, de ton quartier, de ta ville… de la planète et de l’Univers, fasse l’objet de tous tes soins.

Alejandro Jodorowsky

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mercredi 27 mars 2024

La conscience éveillée

 Article rédigé par Sabine Dewulf

Je viens d’achever la lecture du tout nouveau livre des éditions Accarias-L’Originel : Râmana Mahârshi et J. Krishnamurti, « La conscience éveillée – Instructions spirituelles, entretiens, témoignages inédits », Présentation, traduction et notes de Patrick Mandala, éditions Accarias L’Originel, 2024, 155 pages, 16 €. Et je partage avec plaisir ma recension de cet ouvrage.


Pour tous ceux qu’intéressent ces deux sages, voici un livre particulièrement intéressant, pour différentes raisons. D’abord, comme tous les livres de cet éditeur, il s’agit d’un ouvrage très précisément documenté. En outre, il met leurs enseignements respectifs en perspective, l’un par rapport à l’autre. Enfin, il apporte également des éléments relatifs à chacun d’eux, envisagé séparément. Notons que tout cela s’organise sans provoquer de lassitude : les comparaisons comme les présentations séparées alternent avec souplesse ; elles sont d’ailleurs écrites par différents témoins ou spécialistes et occupent des espaces assez brefs, pour une lecture très agréable…
Dans les deux premières sections du livre, les articles de divers auteurs tracent des parallèles entre le Mahârshi et Krishnamurti, sans négliger leurs divergences : Douglas Harding (un sage anglais dont l’enseignement fut des plus précieux) expose des « différences et rencontres sur le fond » ; puis Patrick Mandala nous propose des « Regards croisés » entre le « questionnement » de Krishnamurti et l’« investigation » de Râmana Mahârshi et leurs « méthodes d’enseignement ». Plus loin, grâce à Robert Powell, l’un des pionniers de la transmission des enseignements non-duels en Occident, nous découvrons un chapitre consacré aux divergences et convergences des conceptions de « la conscience éveillée » chez ces deux maîtres. Plus loin encore, le petit-neveu de Râmana Mahârshi, Swâmi V. Ganesan, explore leur approche de l’« investigation » et de l’« identité ».
Quant à la troisième partie, elle est entièrement consacrée à Krishnamurti, à travers une discussion que le sage mena avec des philosophes et des scientifiques, un entretien qu’il eut avec un journal de New York, aujourd’hui disparu, puis des textes littéraires très rafraîchissants : un poème datant de 1928 et cinq extraits des « Petites pièces » écrites spontanément, sans subir de retouches.
Dans la deuxième partie du livre, Krishnamurti est encore présent, à travers deux articles : l’un est écrit par Maurice Frydman, devenu Swâmi Bharantânanda, et dont l’un des intérêts est de pointer du doigt certaines similitudes avec l’enseignement d’un autre grand sage, Swâmi Prajnânpad, dont Arnaud Desjardins fut le disciple ; l’autre est de la main du Dr. Susunaga Weeraperuma, son biographe. En ce qui concerne Râmana Mahârshi, une part de son enseignement est disponible sous la forme d’un Satsang décomposé en 19 questions-réponses qui occupent une vingtaine de pages, dans cette même deuxième section.
Pour ma part, j’ai été frappée par les convergences qui relient ces deux enseignements, même si Krishnamurti est présenté comme un sage moins constant, avec des moments de retour à notre condition duelle, que le Mahârshi. Mais j’ai aussi été intriguée par une divergence majeure, perceptible à travers les deux définitions que nous offre Robert Powel du terme « conscience » tel qu’il est employé par les deux hommes. En effet, pour Krishnamurti, « la conscience est le sens du « je suis », de l’Êtreté – l’Être ou la Conscience universelle -, résultant de la transcendance de l’observateur psychologique ou du « je » ». Pour Râmana Mahârshi, en revanche, ce mot semble désigner le stade ultime de la réalisation dans la mesure où « la conscience est identique au Soi ou à l’Absolu, qui est réalisé lorsque, à terme, le « Je suis », ou la Conscience Universelle est transcendé. » (p. 61-62)
Pour terminer, voici deux citations de ces sages qui ont retenu mon attention.
« Vous ne pouvez pas atteindre le Soi puisque vous l’êtes déjà !
Le changement n’est qu’une pensée. Dès l’instant où apparaît la pensée « je » toutes les autres pensées se manifestent. Aussi, voyez bien à « qui » elles se présentent. Dès l’instant où vous les transcendez et demeurez à la Source, elles disparaissent, c’est-à-dire qu’en remontant à la Source de la pensée « je », le Moi parfait est réalisé. « Moi », c’est le nom du Soi. »
(Râmana Mahârshi, p. 42)
« Immobiles étaient mes membres,
Détendus et en paix.
Une joie d’une profondeur insondable
Remplissait mon cœur.
Ouvert et vif était l’esprit – concentré.
Oublieux du monde transitoire,
Une force tout entière me pénétrait.
Comme la brise d’Orient,
Qui soudain surgit,
Et apaise le monde fatigué
Là, devant moi,
Assis, jambes croisées, tel que le monde le connaît,
Dans ses robes jaunes, simples et magnifiques,
Se tenait le Maître des Maîtres. »
(Krishnamurti, extrait du poème intitulé « L’Ami immortel », p. 138-139.)

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mardi 26 mars 2024

"Joy is in action, not in planification."

 


"Joy is in action, not in planification."

J'entends encore Swamiji prononcer ce mot "Do !", "Agissez !".
"La joie est dans l'action, pas dans la planification. "
Parmi mes souvenirs les plus intenses de Swamiji, il y a cette incitation à l'action, pas dans le domaine spirituel à proprement parler mais dans le domaine de nos existences concrètes : entreprenez, accomplissez, réalisez, réussissez - ce que vous voulez.
C'est dans le monde où nous vivons, qui n'est pas un monde de moines zen ni de moines trappistes, que nous avons à agir consciemment, délibérément, lucidement.

source : La Voie et ses pièges, chap. "L'action libératrice".
tiré de "Les formules de Swami Prajnanpad"

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lundi 25 mars 2024

Il faut parfois demander pardon

 

il faut parfois demander pardon

au crépuscule
pour les chagrins causés
les peines infligées
dans l’insouciance des commencements
la fébrilité des premiers pas
l’ivresse de la cueillette
il faut parfois demander pardon
dans la pénombre
pour ce que l’on ne savait pas
pour ce que l’on ne voyait pas
dans l’éblouissement du plein jour
tout étant consommé
il faut parfois demander pardon
pour ce sur quoi on ne peut plus rien
hormis demander pardon
invoquer les visages, les noms
mesurer sa misère
et simplement
demander pardon
et au final s’aviser
que c’est à soi même
qu’il faut
demander pardon
car c’est l’intégrité
de soi même
que l’on a blessé
c’est sa dignité propre
à qui l’on a manqué
c’est son intime vérité
que l’on a évitée
à travers cet autre
que je n’ai pas honoré
c’est bien mon innocence
qui a été bafouée
c’est bien ma personne
que je n’ai pas su aimer
ma personne,
la tienne
la vôtre
la leur
et
quand tout est vu
la personne
dont la mienne
la tienne
la vôtre
la leur
sont autant
d’uniques déclinaisons
la personne
hors laquelle
il n’est pas de pardon

Gilles Farcet

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dimanche 24 mars 2024

Anne Le Maître : « Le silence conduit au cœur profond » (2)


Le silence peut être perçu comme une perte de temps… Vous, vous croyez au contraire à sa fécondité ?

Oui, et j’aime l’image de la jachère : parfois, ne rien faire est plus fécond que faire. Si cela est avéré en agriculture, pourquoi cela ne serait-il pas vrai pour nous aussi ? En passant pendant deux ans dans mon petit jardin à écouter les oiseaux, j’ai réalisé qu’il y en avait 41 sortes différentes. La fécondité de cette écoute ne fut pas seulement l’identification de 41 espèces, elle engendra aussi une prise de conscience le jour où il en manqua un : je mesurai alors l’effondrement biologique, et, face à cette réalité insupportable, je me mis dans l’action en m’engageant dans l’écologie. L’idée de jachère prend ici tout son sens : dans mon silence du matin, j’ai longtemps ignoré que 41 sortes d’oiseaux se cachaient dans le jardin. Le silence permet une autre perception du réel. Il nous rend plus poreux à ce qui nous entoure, et offre ainsi la possibilité de se laisser toucher et rejoindre.

Si le silence est fécond, il peut aussi être mortifère…

On parle de « silence de mort ». Il y a le silence des victimes et celui des bourreaux. Le silence de celui qui n’a pas la place de s’exprimer, et du témoin qui ne veut pas voir, pas dire. Le silence comme négation de l’être, de ce que vit l’autre : ceci n’existe pas, je ne veux pas entendre ta parole. On le voit notamment avec les abus sexuels. C’est là le contraire du silence d’écoute. Il y a aussi le silence enfermant, de la personne qui ne peut plus parler en elle-même, parce qu’elle est, par exemple, en dépression. Il faudra beaucoup d’écoute pour parvenir à la faire sortir de ce silence…

Alors que nous aspirons, dans une société très bruyante, à de plus en plus au silence, ce dernier nous fait peur…

Il y a peut-être, dans ce paradoxe, une réaction de survie : nous vivons dans une société de la sursollicitation permanente, en bruit, en sons, en monde. En images aussi – qui génèrent du bruit intérieur. Nous avons du mal à échapper aux écrans dans l’espace public, cela envahit nos cerveaux. Sans parler de nos téléphones qui nous envoient des notifications. Notre organisme en pleine overdose voudrait être plus tranquille et dans le même temps, s’il est enfin moins sollicité, on se sent esseulé, comme mort. Si la relation n’est que sur le mode de la sursollicitation, alors l’absence de sollicitations reviendrait à absence de relation. Là se niche peut-être l’angoisse, en partie. Et pourtant : si le langage est relation avec l’autre, le silence peut aussi être relation. Merveille du silence partagé dans l’amitié ou l’amour… Pouvoir se taire à deux, c’est vivre ensemble la présence.


Notre société est aussi celle de la performance, de la frénésie, du rendement…

Et le silence, lui, est gratuit et prend du temps… Le risque de nos sociétés hypermatérialistes est de nous vider de l’intériorité. Et ce qu’il reste de l’intériorité, on nous le vend sous forme marchande : multiplication de stages de développement personnel, de yoga, de jeûne, etc. Loin de moi l’idée de condamner tous les stages, mais il s’agit de faire preuve de discernement et il y a des miroirs aux alouettes. La gratuité est d’ailleurs suspecte et c’est comme les stages de jeûne où vous payez très cher le fait d’être encadré pour ne pas manger : j’imagine que si l’on avait réussi à mettre un prix au silence, il y aurait des marchands de silence.

Vous faites le lien dans votre livre entre le silence et le jeûne…

Dans les deux, on creuse pour faire place à l’inattendu. Car, si on attend quelque chose, on ne fait pas réellement place. L’inattendu est comme la Résurrection. Quelle surprise pour les apôtres face au Christ ressuscité ! On retrouve cet inattendu dans la Nativité, faisant suite à l’Avent, temps d’attente et de silence : un roi enfant né dans une mangeoire… Jeûner de bruit, pratiquer « l’abstinence des lèvres », comme l’écrit Nathalie Nabert, dans le Maître intérieur, n’a ainsi pas pour but d’attendre quelque chose de précis, au contraire. La fécondité est la possibilité d’un surgissement quel qu’il soit. D’un projet, d’une parole, d’une rencontre.

Dans le silence comme dans le jeûne, la question du manque est cruciale…

Le silence nous fait éprouver le manque, car il nous oblige à nous asseoir et à nous poser les vraies questions. À revenir à l’essentiel. Or, face à une société du plein, du gavage, avec trop de bruit, de calories, de choses à acheter ; une société qui répond toujours à la satisfaction immédiate du besoin et du désir, se découvrir habité par le manque – et je pense qu’il est consubstantiel à ce qu’on est – me paraît un remède sain. Car c’est en se vivant dans l’incomplétude qu’on ira chercher ailleurs, qu’on s’ouvrira à la relation à l’autre et à Dieu.

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samedi 23 mars 2024

Anne Le Maître : « Le silence conduit au cœur profond » (1)


Gratuit, subversif et fécond, le silence n’a jamais été autant désiré et recherché dans une société bruyante, invasive et consommatrice. Entretien avec Anne Le Maître, autrice d’« Un si grand désir de silence » (Cerf), qui a reçu en 2023 le prix de la liberté intérieure.

Interview Anne-Laure Filhol


Quelle définition donneriez-vous au silence ?

Il n’est pas forcément l’absence de bruit. C’est un état intérieur d’apaisement du tumulte en soi. Le silence permet à la fois d’être davantage dans la justesse vis-à-vis de son être intérieur et beaucoup plus disponible à ce qui arrive. Les deux s’enrichissent simultanément et si l’un va sans l’autre, il y a déséquilibre. Le silence est ainsi ce lieu intérieur dans lequel le dialogue entre ce qu’on est profondément et ce qui advient dans la relation avec les autres peut s’épanouir.

Le silence intérieur est-il l’absence totale de pensées ?

Non, c’est même l’inverse. Le silence intérieur est ce moment – ou ce lieu – où les pensées incessantes, où les mouches que l’on a dans la tête (« Il faut que je sorte la lessive de la machine à laver, que je prenne rendez-vous avec telle personne… ») se calment. Nous avons plusieurs niveaux de conscience de soi. Le silence intérieur est peut-être moins la pensée et davantage ce qu’il se passe à un niveau plus spirituel. Lorsque je fais une retraite ou que je pars marcher, plusieurs jours sont nécessaires pour que je descende dans le lieu du cœur, qui n’est pas un endroit où je ne pense pas, mais où je pense juste. Un lieu où je suis reliée à quelque chose qui est une source profonde, à une énergie vitale. Aussi, comment fait-on pour prendre une décision de vie ? Ne faut-il pas se taire et se rendre compte à un moment que la décision est prise ? Quelque chose s’est joué dans le non verbal.

Le silence conduirait donc au cœur profond…

Sans aucun doute. Et quand on est croyant, on peut y voir la présence de Dieu…

À force de faire le vide en soi, n’y a-t-il pas dissolution de l’être ?

Telle est la question angoissante : qui suis-je quand je ne parle pas ? Pourtant, si je me tais, ce n’est, la plupart du temps, pas le vide que je vais rencontrer, mais du plein. Du plein d’être. Prenons un exemple : vous êtes en forêt avec des amis, il fait beau, les oiseaux chantent. Au bout d’un moment, vous décidez de vous asseoir et de vous taire. Et plus vous allez vous taire, plus vous allez percevoir tout ce qu’il se passe : prendre conscience de la diversité des oiseaux – qui vont peut-être chanter plus fort parce que vous les dérangez moins –, des arbres, des plantes… De faire diminuer quelque chose de sa propre présence envahissante va ainsi faire surabonder le reste. Dans le silence, il y a de la surabondance en soi (de sensations, de réflexions de souvenirs) et à l’extérieur de soi.

Avant d’accéder à cette surabondance dont vous parlez, n’aurait-on pas peur de l’ennui ?

Je crois que l’ennui n’est que le début de l’angoisse du vide. Et en général, on s’arrête à l’ennui et on le comble d’une manière ou d’une autre. Là réside le divertissement pascalien, nous détournant de l’essentiel : « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. » Le silence nous renvoie ainsi à notre finitude, à la mort, et nous sommes souvent réfractaires à regarder en face cette idée inconfortable. Le silence requiert un certain travail, certaines conditions…

Quelles sont-elles ?

Dans mon cas, c’est d’abord de considérer la possibilité du silence comme un état de fécondité et non pas de perte. Puis d’identifier ce qui constitue un écosystème favorable pour qu’à certains moments il y ait ces silences dans ma vie. Cet écosystème démarrait dès le matin, quand je ne vivais pas seule : je me levais souvent une heure avant le reste de la maison. Un temps où je passais une heure à boire mon thé et à réfléchir, où surgissait parfois une envie d’écrire ; de prier à d’autres moments. C’était un temps d’ouverture. Ensuite, je m’impose une certaine discipline, en restant vigilante pour discerner les moments où je me laisse trop aller, lorsque par exemple je me connecte quatre fois en quelques heures à un réseau social. Aussi, mon besoin de silence est nécessaire, pour mon équilibre intérieur et l’écriture. Si je suis donc trop longtemps dans le bruit et que je suis mal, je rentre chez moi, renonce à voir telle ou telle personne, je me passe d’écrans. La troisième condition est à mes yeux le travail, au sens de la persévérance dans ce modèle-là.

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vendredi 22 mars 2024

L'émotion du feu


Nos émotions se manifestent dans le corps selon un mouvement bien précis. C'est à cela qu'on les reconnaît !
J'aimerais terminer ce tour des Cinq émotions en vous parlant du mouvement du Feu. 🔥

Le Feu, selon la vision chinoise, est la Phase la plus yáng : chaleur à son maximum, éclat qui se voit de loin, crépitement sonore, montée de la fumée vers l'invisible...
Le Feu est mobile, léger, plus proche de l'énergie que de la matière, et insaisissable.
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🔹 Hors du corps, c'est notre lien au Ciel, au spirituel, à la clairvoyance, au discernement.
🔹 Dans le corps, il correspond au Coeur 心 xīn, son émotion est la Joie 喜 xǐ et son mouvement est le déploiement, la dilatation.
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Nous avons tous déjà vécu cela : une excellente nouvelle nous arrive et que se passe-t-il ? Nous sentons notre poitrine se gonfler, nos membres s'alléger, tout notre être s'élever.
Sous l'effet de la Joie, le cœur s'ouvre et la chaleur du Feu nous inonde de son ivresse : nous sautons, nous dansons, chantons, rions...
N'est-ce pas merveilleux ?
On aimerait être dans cet état en permanence !
Et pourtant... toute médaille a son revers.
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La Joie est bien évidemment souhaitable, mais peut rapidement se transformer en Excitation (un exemple un peu extrême : les hooligans après une victoire de leur équipe favorite).
Le mouvement de dilatation du Feu ne doit pas se prolonger indéfiniment sous peine de nous couper de la réalité physique du corps, de la matière, des sensations... bref, de nous-mêmes !
Si la joie nous soulève agréablement, l'excitation nous disperse dangereusement !
Trop d'excitation ou une joie trop intense et brusque peuvent faire plus de mal que de bien : nous avons tous entendu des histoires de gens faisant un infarctus à l'annonce d'une heureuse nouvelle.
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Le Cœur a beau être l'empereur, il n'est pas omnipotent pour autant 🙂
Notre sécurité reste l'ancrage à la Terre (qui étouffe le Feu) et le travail de l'Eau (qui tempère la chaleur).
Il existe d'ailleurs un axe Rein-Coeur (Eau-Feu) dans le corps, je pourrai vous en reparler.
Cultivez la joie saine, la joie tranquille qui porte un joli nom : le Contentement.
... et ne jouez pas trop avec le Feu ! 😉


Alice Korovitch 


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mercredi 20 mars 2024

A voir



Celui qui ne se voit pas lui-même n’arrête pas de parler des autres. 

Il passe son temps à repérer et à mépriser en autrui des fautes et des faiblesses qui sont en fait camouflées et refoulées en lui-même...

Les Aphorismes : Svâmi Prajnânpad pris au mot - Édition bilingue français-anglais



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mardi 19 mars 2024

Communication autoritaire

 


Quid du nouvel outil « vocal » beaucoup utilisé par la jeune génération ?

Le fait de parler à l’autre oralement supposait jusqu’à présent au moins un « maintenant », un présent en commun (pas forcément un « ici » depuis que le téléphone existe). La conversation nécessitait une forme de synchronisation. Or le vocal est un mode de communication orale sans synchronisation, c’est la première fois que cela apparaît dans l’histoire de l’humanité.

C’est un changement anthropologique ?

Bien sûr. Aujourd’hui, le message est antérieur à l’acte de communication. Quelqu’un est seul ; il détient une information ; il la délivre ; la seule chose importante, c’est de s’assurer que l’autre l’a bien reçue. À l’inverse, dans les dialogues de Platon, on crée des vérités par l’échange et le dialogue. Il n’y a pas de message préexistant. Socrate dit : je sais que je ne sais pas. Le questionnement, l’échange nous conduisent quelque part. On vit un voyage à deux vers le message.

Dans notre paradigme actuel, le message est antérieur à la rencontre. C’est quand même moins intéressant ! La rencontre ne va pas me faire changer ni m’amener à penser, créer, ressentir des sentiments nouveaux. On ne se laisse plus bousculer par la rencontre : je veux juste que les autres entendent ce que j’ai à dire et qu’ils l’acceptent. Dans l’acte de communication, il y a désormais une forme d’autoritarisme.

Alexandre Lacroix, directeur de la revue Philosophie magazine

source : La Vie magazine

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lundi 18 mars 2024

Apprendre à méditer avec Matthieu Ricard

 

Des conseils pour la pratique de la méditation à suivre...



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Bonne semaine !
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samedi 16 mars 2024

Une efficacité vitale

 


Récemment, lors d’une promenade, je suis tombé sur la sculpture ci-dessus, et ces quelques mots de l’auteur :

« La nature est maitresse dans l’art d’éduquer à la beauté et au silence intérieur. Le répertoire des formes qu’elle propose est toujours varié et parfaitement architecturé. Travailler avec ce répertoire m’oblige à observer le rythme, la construction et l’élan de n’importe quelle tige, fleur ou graine. L’épuration et la simplicité obéissent à la règle de l’efficacité et la servent en donnant la forme la plus aboutie qui soit » .  A. Bernegger

La nature : des formes innombrables, improbables, étonnantes ; formes qui parfois nous semblent d’une rare complexité, et qui pourtant n’obéissent qu’à la règle de l’efficacité, soit : développer la manière d’être la plus simple et la plus directe pour vivre et survivre dans tel ou tel milieu, du plus favorable au plus hostile, avec une intelligence d’adaptation et d’interdépendance à l’Ensemble qui nous laisse souvent pantois, nous, l’espèce humaine.

A de rares exceptions, nous avons oublié en tant qu’humain ce que peut être une efficacité vitale.

Nous développons une « efficacité mentale », propre à nous enfermer toujours plus dans ce que nous pensons être bon, rentable, utile, confortable … pour une seule espèce : la nôtre ; et quand elle ne sert pas l’espèce humaine, cette efficacité se réduit encore à : « Moi et seulement Moi ». De ce fait, nous nous coupons de l’Ensemble, de la vie sous toutes ses formes, changeantes et interdépendantes, de cette « efficacité vitale » dont la forme la plus aboutie va droit au but : servir la vie et son devenir.

Cette efficacité, reliée à la notion de simplicité de la forme et du geste, m’a immédiatement ramené à la voie du zen, qui nous invite à « ne plus fuir l’essentiel ».

Ne plus fuir en redécouvrant notamment « ce que peut le corps » (cf. post précédent).

Question à Graf Durckheim : « quelle est la place du corps sur le chemin que vous proposez ? »

Réponse : « La première ! »

Dans le zen, lors de l’exercice, nous pratiquons la répétition et le renouvellement d’un geste ou d’une séquence de gestes, l’épuration et la simplification de la forme et du geste.

Cela nous montre comment nous ouvrir à l’essentiel, comment ne pas se perdre dans les détours de la pensée. S’exercer, pratiquer, c’est apprendre à agir de la manière la plus juste possible - forme, tenue, rythme, respiration - afin d’être en accord avec les lois du corps vivant, qui sont les mêmes que pour tout autre être vivant.

Avec la pratique d’un exercice, ce que le corps montre, prouve, c’est qu’un geste appris, répété, renouvelé, parfaitement maitrisé … redevient épuré, simple, précis, direct et efficace, tels les gestes purs du bébé.

Ce que le corps peut, c’est m’ouvrir au geste en lien avec des forces universelles (hara), en lien avec l’Ensemble, ce flux qu’est vivre, en changement et en interaction permanent.

Ce que le corps peut, c’est me relier à une forme, des gestes rythmés par la vie.

Ce que le corps peut, c’est me relier à l’infaisable, ce que le Moi ne peut pas faire ; « des actions qui transcendent les capacités de ce qu’on appelle notre vouloir ».

Nous sommes des êtres vivants avant de devenir des êtres pensants.

Ce n’est pas regretter le progrès ou décrier la grande intelligence dont l’humain est capable que de dire cela. Mais force est de constater que dans bien des domaines, la folie, la détresse et la froideur du monde technologique et rationnel actuel a privé la personne de ses racines, qui vit comme une culture hors-sol.

Si l’être humain est, à l’origine, un geste de la nature, il le reste toute son existence, indépendamment du fait qu’il est aussi un être pensant.

Le corps, avant d’être pensé, nommé, étudié et vécu en tant qu’objet, est un champ de conscience, d’actions et d’expériences, et le reste toute notre existence.

La pratique de la voie du zen nous incite à nous poser sérieusement cette question : est-il plus sage de considérer que l’objet corps est un outil de la pensée ou de considérer que la pensée est un outil du corps vivant ?

« La pensée, un outil du corps vivant ? Vous n’y pensez pas, cette façon de voir est impensable ! »

Oui, « impensable ». Mais la possibilité d’une expérience est bien réelle : le corps, champ de conscience, est la forme, le geste qui nous relie, d’instant en instant, à la source de vie que nous sommes depuis toujours, notre vraie nature, et cette expérience, qui n’est pas inconnaissable, laissera notre mental coi.

Que nous le voulions ou non, que nous en soyons conscient ou non, nous appartenons à la Vie, source et soutien de notre existence.

Le corps vivant, leib, rappelle à l’homme que sa complétude, son point d’appui, sa grandeur, est qu’il peut devenir conscient de cette appartenance à plus grand, conscient « qu’en tant que vague il est aussi océan ».

Si le corps objet sert le mental humain dans son désir d’accumulation, de performance et de domination, la reconnaissance et l’épanouissement du corps vivant nous redistribue dans ce rôle souvent oublié : servir la vie et son devenir.

 Joël PAUL

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